L'histoire du musicien et du silence
- Florence Fitzgerald

- 29 avr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juil.

Un tout jeune musicien voyageait de village en village, jouant de la Vina avec une virtuosité rare. Il connaissait toutes les mélodies les plus complexes, enchaînait les notes avec une rapidité impressionnante, et chacun de ses concerts était un véritable spectacle. Pourtant, malgré les applaudissements et les louanges, il ressentait un manque en lui et dans son art, un vide étrange.
Un jour, il entendit parler d’un vieux maître de musique, retiré dans les montagnes, connu non pour sa technique mais pour la profondeur de ses notes. Désireux d’apprendre, il partit à sa rencontre.
Lorsqu’il arriva chez le maître, il le trouva assis en silence, une Vina posée sur ses genoux. Le jeune musicien s’inclina et dit :
— Maître, j’ai appris toutes les techniques, je joue à tous les rythmes, même les plus rapides, avec virtuosité, et pourtant il me manque quelque chose. Dites-moi, quel est votre secret pour que vos notes touchent le cœur des gens ?
Le vieil homme sourit et joua une seule note, lente, profonde, qui sembla vibrer longtemps dans l’air. Puis il s’arrêta et laissa le silence s’installer.
Le jeune musicien fronça les sourcils, s’attendant à ce que le maître poursuive. Mais rien. Seulement ce silence immense autour de cette unique note.
— Pourquoi vous arrêtez-vous ? demanda le jeune homme, déconcerté.
Le maître répondit doucement :
— C’est entre les notes que réside la vraie musique. Si tu remplis tout l’espace de sons, il n’y a plus de profondeur, plus de respiration, plus d’âme. Ce qui touche les cœurs, ce n’est pas la quantité de notes que tu joues, c’est le silence que tu laisses entre elles.
Le jeune musicien resta sans voix. Il comprit alors que, dans sa quête de perfection, il avait oublié l’essentiel : la musique n’existe que parce qu’il y a des pauses, des espaces, des silences qui lui donnent toute sa profondeur.
À partir de ce jour, il cessa de vouloir tout remplir et apprit à écouter le silence entre les notes.
Et pour la première fois, sa musique prit véritablement vie et toucha l'âme de chacun.
Le silence est au yoga ce qu'il est à la musique : il donne du sens, de la profondeur, de la présence.






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