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La transmission silencieuse de Dattatreya



Les chercheurs de vérités
Les chercheurs de vérités

Dans l’Inde ancienne, aux confins des forêts sacrées et des montagnes baignées de lumière, vivait un être hors du commun : Dattātreya.

Né, dit-on, de l’union mystique de Brahmā, Viṣṇu et Śiva, Dattātreya n’appartenait plus au monde ordinaire. Il errait librement, vêtu d’un simple pagne, le corps couvert de poussière, les yeux brillants d'une lumière paisible et infinie.

On l’appelait "Avadhūta", celui qui a transcendé toutes les dualités, toutes les conventions humaines. Les rumeurs de son rayonnement silencieux attirèrent à lui des chercheurs de vérité venus de toutes contrées.


Un jour, un petit groupe de chercheurs, en quête d'un maître, s’approcha de lui, épris d’une soif immense de connaissance.

Ils s’inclinèrent et dirent : — "Ô Maître, enseigne-nous la Vérité suprême ! Parles-nous du Soi ! Instruis-nous !"

Dattātreya resta immobile.

Il ne prononça aucun mot.

Son corps ne fit aucun geste.

Simplement, il ouvrit ses yeux profonds, mi-clos, mi-ouverts, et posa sur eux un regard sans début ni fin.

Un regard qui n’exprimait ni désir d’enseigner, ni volonté de convaincre.

Un regard qui était — pure Présence.

À cet instant, il ne se passa rien d’extraordinaire aux yeux ordinaires.

Le vent soufflait doucement dans les arbres.

Les feuilles murmuraient leur chant ancien.

Le ciel demeurait immense et tranquille.

Mais, dans le cœur des disciples, un cataclysme silencieux éclata.

Le mental, avec ses doutes et ses attentes, se dissout instantanément pour certains.

Pour d'autres, un feu de quête intérieure s’embrasa.

Par ce simple regard, Dattātreya transmit l'essence du Soi —

non pas par des paroles, non pas par des concepts,

mais par la vibration même de l’Être.

Un disciple plus avancé, tombé en méditation profonde, réalisa intérieurement :

"Je ne suis ni le corps, ni le mental, ni même les souffles.

Je suis la conscience pure, infinie et silencieuse."

Un autre ressentit que toutes les choses du monde — pierres, arbres, cieux, visages — n’étaient que des vagues dans l’océan de sa propre conscience.

Un troisième, encore pris par le mental, s’effondra en larmes, réalisant son immense attachement à l’illusion.

Mais tous, même ceux qui ne comprirent pas encore, furent touchés pour toujours par ce regard sans regard, par ce transfert vivant de la Présence.

Plus tard, dans l’Avadhūta Gītā, attribuée à Dattātreya, on retrouve ces paroles :


"Je vois sans yeux.

Je parle sans mots.

Je marche sans pieds.

Je danse sans mouvement.

Tout est Cela."


Et ainsi, Dattātreya enseigna sans jamais vraiment enseigner.

Il n’offrit ni rituel, ni dogme, ni doctrine.

Il offrit seulement un espace.

Un espace dans lequel le Soi pouvait se reconnaître Lui-même.



Sens profond de cette histoire

  • Le regard extérieur devient le miroir du Soi.

  • La transmission véritable ne passe pas par les mots, mais par la vibration intérieure silencieuse.

  • Voir réellement, dans la tradition du yoga, c’est être en contact avec la réalité ultime sans effort, sans intermédiaire.

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